De Bleu, de blanc, de rouge au MAH

Cerise Dumont
29 avril 2024

De bleu, de blanc, de rouge. Les peintures françaises du XIXe siècle du MAH. L'exposition présentée ce printemps au Musée d'Art et d'Histoire de Genève est le résultat d’un programme de valorisation des peintures françaises du XIXe siècle (1800-1918), entrepris en 2020 en collaboration avec l’Université de Genève. 

©_MAH_Genève_photographe_Bettina_Jacot-Descombes

L'exposition met en lumière l'évolution du goût et des techniques artistiques de cette période riche en changements. Recherche scientifique, restauration, curation, en filigrane, l’exposition permet surtout de remettre en lumière les nombreux métiers de l’ombre qui s’exercent habituellement au sein des musées.

Avec De bleu, de blanc, de rouge. Les peintures françaises du XIXsiècle du MAH, c’est une sorte de méta-exposition que l’on peut découvrir au premier étage du Musée d’Art et d’Histoire : plus qu’une exposition sur l’art, il s’agit de valoriser l’art de créer une exposition !

L’exercice est plutôt réussi. Le parcours à travers le premier étage du Musée permet d'aborder tous les aspects d'un projet de valorisation patrimoniale, de la constitution du corpus aux questions de recherches en passant par l'étude du métier de peintre.

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Il s’agit ici de procéder avec ordre. Il a d’abord fallu répertorier et analyser les tableaux des collections du MAH réalisés en France durant la période allant de 1800 à 1918. La collaboration avec l’Université de Genève, qui a mobilisé plus de 60 chercheurs et 40 étudiants entre 2020 et 2023, a permis de les décrire et d’en reconstituer l’historique. Pour certaines toiles, en piètre état, il a fallu intervenir : 35 peintures – et leurs encadrements – ont ainsi bénéficié d’une restauration fondamentale.

C’est à ce stade qu’intervient l’étape de la curation. Du corpus de 212 peintures françaises appartenant au Musée, seule une soixantaine ont été retenues pour être présentées au public. La sélection n’a pas été opérée selon des critères purement esthétiques ou artistique, mais bien avec l’envie de montrer ce qui est emblématique de la collection du musée, qui n’a jamais été réputé pour sa radicalité ou son avant-gardisme. Bien sûr, on peut admirer de très belles toiles, souvent familières au public genevois habitué de l’institution. Beaucoup ont cependant une allure nettement plus provinciale, à l’image du fonds du musée.

©MAH

Parmi les pièces majeures, on peut néanmoins citer la Mort de Socrate (1801-1802) de François-Xavier Fabre  et la Vue d’Auvers avec champ de blé (1890) de Vincent van Gogh. Une étonnante Tête de supplicié, peinte par Théodore Géricault vers 1816-1817, frappe l’imagination. On trouve aussi quelques jolis Corot, risquant peu de heurter la sensibilité locale. En effet, c’est notamment grâce aux dons et aux legs de divers amateurs d’art que le musée a constitué son fonds de peintures. Elle est donc révélatrice du goût d’une époque.       

Du goût et d’un métier, puisque l’exposition s’attache également à décrire le métier de peintre et son évolution durant la période étudiée. À travers quelques objets (chevalets, instruments d’optique, parasols, etc.), on raconte comment les artistes s’émancipent de l’atelier traditionnel. La peinture sur le motif chère aux Impressionnistes est permise grâce à des tubes de peintures facilement transportables, qui ont sans doute révolutionné le cours de l’histoire de l’art !

©_MAH_Genève_photographe_Bettina_Jacot-Descombes

De bleu, de blanc, de rouge laisse une empreinte plus pédagogique qu’autre chose. À défaut d’avoir contemplé des chefs-d’œuvre, les personnes intéressées par le monde muséal et les questions de curation auront pu y apprendre beaucoup sur les coulisses de l’institution. Pour ceux qui n’ont pas encore pu la découvrir, il ne faudra pas tarder : occupant quatre salles du musée à l’heure actuelle, l’exposition sera réduite à une unique salle dès le 26 mai.  L’exposition s’accompagne d’un catalogue conséquent, pour celles et ceux qui souhaiteraient poursuivre leur exploration du patrimoine du MAH. 

Curateurs : Frédéric Elsig, professeur d’histoire de l’art et de muséologie à l’Université de Genève et Victor Lopes, conservateur-restaurateur de peinture au Musée d’Art et d’Histoire. 

 

Pratique :

Du 16 mars au 18 août 2024 au MAH

https://www.artageneve.com/lieu/musees-fondations/mah-musee-dart-et-dhistoire

 

Photographies :

©MAH – ©Bettina_Jacot-Descombes